ASSOCIATION FRIOUL NOUVEAU REGARD

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L'ÉCOLE DES ÉAM DU FRIOUL

LES CONTRIBUTIONS "SOUVENIRS"


Jean-Pierre LELONG
Mail: jplelong@orange.fr


Contribution de Jean*Pierre LELONG (promo 1960/61)


Bonsoir André!
J'ai fait partie de la session 1960/61 qui s'est terminée fin février 1961 au vu de la date de mon diplôme CAM Machine « pour les non initiés, Certificat d 'Apprenti Marin » en date du 25 février 1961.
Ce serait inutile et surtout fastidieux à lire, de revenir sur tout ce qui a déjà été dit, je vais donc ajouter quelques souvenirs qui me viennent spontanément. Je suis étonné de lire que personne au Frioul, (50 ans après la dernière session) n'ai eu connaissance de l'existence de cette école. Pas étonnant remarquez, puisque tout a été rasé même le grand bâtiment principal qui nous servait de dortoir /réfectoire, il était vieux mais paraissait si solide. ,,,,

1 La Chapelle

Seule la chapelle, témoin du temps passé, a été épargnée, Bizarre qu'il n'y ait nulle part, au moins près de la chapelle par exemple, une plaque commémorative comme il en existe parfois dans d'autres lieux ….....
L'arrivée au Frioul, J'avais un peu plus de 15 ans lorsque je suis parti de ma banlieue rouennaise, inutile de vous dire que je ne connaissais pas grand chose au delà de 20 km de chez nous, alors, 1000 km à faire vers l'inconnu, ,, bonjour l'angoisse. Une vraie expédition à cette époque, prendre le train à Rouen jusqu'à Paris St Lazare, se déplacer dans Paris jusqu'à la gare de Lyon et enfin monter dans le soit disant « rapide » pour Marseille (on a roulé toute la nuit).
Ensuite, valise à la main, descendre jusqu'au Vieux Port. Je me souviens, en 1960, la Cie des vedettes qui nous a menés au Frioul était « Les Iles d'Or » (Je vous parlerai plus tard de la vedette de l'école). Dès notre arrivée, rassemblement en demi-cercle juste devant la grosse bâtisse sur la grande esplanade dénudée, ... aucune végétation. L'un après l'autre nous sommes appelés. Au fur et à mesure il faut se ranger l'un derrière l'autre, sur une file, les 12 premiers appelés forme le Canot n°1 (il faut prononcer le ( T ), dire (canote). Les 12 suivants, le canot n°2 .... etc ! Les premiers de chaque canot sont chefs et à chaque rassemblement il faudra toujours se ranger par canot de la même façon. Par ordre alphabétique, chacun reçoit un numéro, les n° pairs iront dans l'aile gauche ; Avec mon " 77 " je vais dans l'aile droite. On découvre les hamacs, ... pas triste les premiers essais. Une fois dedans, on n'ose plus bouger de peur de verser. A minuit, les moins hardis ne sont pas encore couchés ......... à suivre bien sûr !!!!

2 Les premières cigarettes.


Dès le lendemain de notre arrivée à l'école, l'envie de fumer est plus forte que l'interdiction. Interdit de fumer donc il faut se cacher. Derrière le bâtiment, il y a des lavoirs à linge et un renfoncement. Là, on est tranquille, à l'abri des regards. On s'y retrouve à 3 ou 4, on y est bien, on discute tout en ''tirant'' sur les cigarettes, …. on est en sécurité. Surgit un petit bonhomme, coiffé d'une casquette de marin breton. Sans rien dire de plus que «TOI» ,, «TOI» ,,, «TOI» en nous pointant du doigt chacun à notre tour .....«SUIVEZ MOI». Il fait aussitôt demi-tour et part. Sans jamais se retourner, il avance à grands pas ... on le suit en file indienne au milieu de tous les élèves. A ce moment, je me demande ce qu'il va bien pouvoir nous arriver, tout me passe par la tête. Nous voici dans le bureau du surveillant général. La «peau de vache» sort un cahier d'un tiroir. «TON NOM» «TON NOM»«TON NOM» , et il écrit nos noms ….. Nous n'avons jamais plus entendu parler de rien sauf que c'était le «cahier de punitions». Voilà, je peux me vanter aujourd'hui d'avoir été le premier puni, le premier à être inscrit sur ce cahier. Voilà comment j'ai été pour la seule fois .... Premier. (sourire). N'empêche qu'à l'époque j'ai eu une sacrée 'trouille'. Avec le recul du temps, je pense que ce surveillant (matelotage, je crois me souvenir) a voulu de cette façon faire preuve d'autorité, et montrer dès le début. à tous qu'il ne fallait pas l'emm.... sinon attention à vous tous! … Lorsque j'y repense, je me dis qu'il ne nous avait même pas confisqué nos cigarettes …. comme quoi, cet homme n'était pas si ''méchant''

3.          Les toilettes

Ca m'ennuie un peu de parler des WC mais ,,,, j'avais été tellement choqué à l'époque qu'il faut que je vous raconte. L'entrée des toilettes se faisait depuis le hall central, (au fond, à droite).On poussait une PORTE, et là, une vingtaine de toilettes dites "à la turque" . Dix d'un côté, 10 de l'autre, donc, un très beau vis à vis. Il n'y avait pas de papier, ça c'est une chose mais surtout il n'y avait aucune porte. Je ne vous raconte pas le malaise.(nous sommes environ 120 élèves au petit matin). Venir en ces lieux pour les besoins quotidiens n'avait rien d'engageant ,,,, aucune intimité. Et pourtant ... la gêne a duré, une semaine ou deux et puis , ,,,bah ! ,,, faut bien faire AVEC ,,, enfin je veux dire SANS! (porte) ,,,bof ! ,, (Je pense, qu'il fut un temps où des portes existaient puisqu'on voyait encore les fixations dans les montants en bois) Voilà, ,,, c'était ça aussi Le Frioul. 

4.             Les quilles

La première fois que j'en ai vu une, je me demandais ce qu 'elle faisait là ? … dans l'eau, échouée sur le bord. Quelques temps après, j'en trouvais une autre … et puis, plus tard, une troisième … et bien d'autres encore. Mais d'où viennent-elles ? … Pourquoi sont elles là ?
A force d'en parler autour de moi, j'ai eu un jour l'explication. Elle est toute simple mais encore fallait-il y penser. Elles provenaient des bateaux qui ramenaient les troupes d'Algérie. Les gars s'en débarrassaient en les jetant à la mer juste avant l'entrée dans le port de Marseille car trop encombrantes pour le restant de leur voyage jusque chez eux.
Le vent les poussant vers le large, certaines se retrouvaient dans le port du Frioul où elles venaient s'échouer. En 1960, la digue EST n'existait pas … ou si peu.
Elles étaient toutes différentes : des minces, des grosses mais elles étaient toutes de grandes tailles (parfois, plus d'un mètre) ? Certaines joliment peintes uniformément, d'autres avec des dessins, (souvent des pin-up).
Autre détail, autre interrogation. Pourquoi les plus ventrues (les quilles) étaient-elles souvent creuses ? …. Avec mes 15 ans, je pensais bêtement, : ''ainsi elles sont moins lourdes'' mais non. J'appris par la suite que c'était pour y loger, enfin, pour y cacher une bouteille … bouteille à ouvrir le moment venu, … le jour de la QUILLE Aujourd'hui, je pense que si j'avais habité Le Frioul je les aurais toutes récupérées … quelle belle collection j'aurais eue ! …............

Après le cours
Bonjour, Je suis désolé, je pensais que c 'était la vie à l'école du Frioul qui, avant tout, vous intéressait.
J'ai fait un parcours maritime ordinaire. Novice, nettoyeur, graisseur.
A la sortie de EAM j'ai aussitôt embarqué comme ''novice machine'' sur le «Pierre Corneille» puis le «Formigny» Tous deux de la Cie Chastellain (Rouen)
Ensuite, le «Djurdjura» et le «Président Charles Lefevre» de la Cie Les Cargos Algériens (Rouen) le «Bacchus» (pinardier) 2 embarquements successifs de la Cie Soflumar (Paris) Vient le service militaire 1 mois à Brest, et les 15 mois restants au Ministère de la Marine à Paris, rue Royale à l'époque Après le retour à la maison, je me suis marié. Là s'arrête ma carrière maritime
Cordialement






 

 
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