Notice historique

Charles,Jean-Marie BARBAROUX

PREAMBULE

Cette notice historique sur BARBAROUX Charles Jean-Marie doit tout, à l'exception des notes généalogiques, à l'ouvrage d'Alfred Chabaud " Mémoires de BARBAROUX ", librairie Armand COLIN, édition de 1936.

LA JEUNESSE , LES ÉTUDES

Le collège

Charles Jean-Marie né le 6 Mars 1767, voir la genealogie par ailleurs, de Jean Barthelemy Barbaroux et de Catherine Pons, commença à 12 ans ses études au collège de l'oratoire sur l'emplacement actuel de la place Sadi-Carnot et transféré ensuite au commencement de l'actuelle rue de la république. Excellent élève, il termine ses études de rhétorique fort jeune en 1781. Il obtint une bourse au concours des Matignons et à la sortie le prix de physique et celui de logique. Réussissant également dans les lettres, il versifiait facilement, méritant ainsi la formule des bons pères oratoriens "Le meilleur parmi les meilleurs "

Le droit

Bien que particulièrement doué pour la physique et la chimie, puisqu'il inséra un mémoire sur un électromètre dans le journal de physique en 1784 et pour la littérature puisqu'il fut reçu membre de la société littéraire et scientifique du "Musée de Marseille " et en devint secrétaire en 1787 il entreprit des études de droit, la profession d'avocat laissant entrevoir des ressources plus certaines. Catherine Pons, non veuve encore, et qui avait eu une liaison avec Jean Chalvet dont elle eut un fils, déclaré de parents inconnus, joseph, demi-frère de Charles, régularisa la situation par un mariage le 22 août 1786. Jean Chalvet était procureur en la sénéchaussée de Marseille, situation enviable. Barbaroux entra comme collaborateur dans l'étude de son beau-père puis à Aix, chez M°Maurel ami et correspondant de Chalvet devant la juridiction du parlement. Parallèlement il menait ses études, fut reçu bachelier le 5 février 1787 et licencié en droit le 3 mars suivant. Ainsi Barbaroux était avocat à 20 ans.

LES CHIMÉRES

Barbaroux avait repris ses fonctions chez Chalvet malgré sa réussite dans le droit, il voulait faire fortune et croyait en avoir découvert les moyens. La région d'Ollioules où il possède une petite propriété léguée par sa bisaïeule(1), est volcanique ; il en étudie la géologie, repère des gisements de cuivre, fer, pouzzolane et envisage une carrière d'ingénieur moins encombrée que celle d'avocat. Au printemps 1788 Barbaroux part pour Paris, il pense avoir une place à l'école des Mines, arrivé trop tard il ne participe qu'en auditeur libre, c'est à cette période qu'il rencontra Marat et suivit un cours d'optique sous sa direction. Ses projets se révélant illusoire et, désargenté, il rentre à Marseille à la fin décembre 1788

LA RÉVOLUTION

Les débuts

Dès janvier 1789, Barbaroux reprend ses fonctions d'avocat, il espère toujours mettre en valeur les gisements d'Ollioules, publie son mémoire géologique. Mais les événements politiques l'intéressent. Il rédige les cahiers de doléances de plusieurs corporations d'artisans. La pénurie et la cherté de la vie provoquent, le 23 mars, des émeutes à Marseille et une garde citoyenne est organisée dont Barbaroux est membre. Lors de l'élection des états généraux, la garde citoyenne exigea l'élection de Mirabeau dont Barbaroux était un partisan. A la suite d'émeutes de mars, l'armée du compte de Caraman était intervenue, mais dans un but d'apaisement le roi accordait l'amnistie aux rebelles, exilant toutefois les ténors du partie patriote et remplaçant la garde citoyenne par une garde bourgeoise. Cet exil provoqua la promotion de Barbaroux qui fut élu tête de liste des 24 commissaires du peuple chargés de porter les vœux de l'assemblée Arquier, au conseil des 3ordres convoqué par les échevins avec l'autorisation de Caraman, (influencé par la prise de la Bastille), il en fut l'orateur en toutes circonstances. Le 5 août Barbaroux voulut dissoudre la garde bourgeoise et rétablir la garde citoyenne, les échevins étaient en passe de capituler mais les événements sanglants de la Tourette où un brigadier de la garde bourgeoise fut tué, discrédita les chefs de la jeunesse citoyenne au moment où M de Caraman voulait trouver un compromis entre les deux gardes. Barbaroux fut menacé de mort par quelques lieutenants de la garde bourgeoise, il écrivit à De Caraman protestant de son innocence dans l'affaire de la Tourette Toutefois Senchon de Bournissac, grand prévôt de Provence fut chargé d'instruire l'affaire, en fait il voulait écraser la révolution, il fit emprisonner au fort St Jean ou au château d'If les meilleurs amis politiques de Barbaroux qui s'était réfugié chez des amis ; ce dernier adressa un mémoire à l'assemblée constituante par l'intermédiaire des députés de Marseille et de Mirabeau, et "monta " lui-même à Paris plaider sa cause et celles de ses amis. Le 8 décembre l'assemblée dessaisissait le grand prévôt et le déferrait lui, le juge devenait l'accusé. La tentative des ministres d'annuler ce décret échouait, Barbaroux accusant de forfaiture Bournissac, et Mirabeau portant des attaques définitives contre la procédure prévôtale. Les élections au conseil général eurent lieu le 28 janvier 1790, furent favorables aux patriotes, et sur l'initiative des districts électoraux la municipalité décida de se doter d'une armée de 12000 hommes, ceci devant mettre fin aux dissensions ayant existé entre les deux gardes précédentes. Le chevalier de Greling fut élu major général et nomma Barbaroux secrétaire général de l'état-major lui offrant ainsi l'occasion de relations avec La Fayette et les gardes nationales de Paris et d'autres villes. A la suite d'incidents le chevalier de Greling devint suspect et dut démissionner, Barbaroux étant l'unique chef de la garde nationale jusqu'à l'élection de Jean-françois Lieutaud. Barbaroux qui avait été nommé et non élu adressa sa démission, Lieutaud craignant d'être doublé par un secrétaire élu au suffrage universel préféra lui demander de continuer ses fonctions. Le 11 avril 1790, les militants patriotes fondèrent une "Assemblée démocratique " , Barbaroux participa à l'élaboration du règlement intérieur ; et nous le trouverons n mai secrétaire de ce club qui envisagea de faire admettre la garde nationale dans les forts royaux Par surprise un détachement de la garde nationale investit le fort de Notre dame de la Garde ce qui entraîna l'investissement des deux autres forteresses. C'est en qualité de secrétaire du club que Barbaroux dirigea la démolition des forts. Brouillé avec Lieutaud, il proposa vers le 26 août de faire arrêter son ancien chef qui fut emprisonné le 30décembre 1790

BARBAROUX "DÉPUTÉ EXTRAORDINAIRE "

Le maire de Marseille, Mouraille, élu en Août, investit Barbaroux de toute sa confiance. Celui-ci dirigea en fait la commune jusqu'à février 1792, sans négliger toutefois ses affaires, puisque, à cette époque, il plaida et publia un mémoire en faveur des pêcheurs catalans. Au début de 1792 un conflit ayant éclaté entre le département siégeant à Aix, réputé réactionnaire et la commune de Marseille, barbaroux et Loys furent désignés le 31 janvier 1792 comme "députés extraordinaires " et envoyés le 4 février porter les doléances de la commune et défendre ses intérêts. Il dénonça la rébellion d'Arles, démasqua en deux mémoires la "chiffonne ", groupement royaliste d'Aix, demanda la punition des conspirateurs, obtint le 15 avril, la nomination de Montesquiou, que l'on croyait sûr, au commandement de l'armée du midi, et, le 19 l'amnistie pour les héros du massacre de la Glacière (qui avait eu lieu en octobre 1791) ? Il se lia avec les dirigeants des partis de gauche, notamment avec Roland et sa femme, pour lesquels il conçut une vive amitié, se fit inscrire aux Jacobins, où il prit souvent la parole. La chute du ministère Roland lui fit une vive impression(13 juin). Croyant à la guerre civile, il pressa la municipalité de Marseille de compléter ses approvisionnements, de s'affilier à toutes les communes du midi, de bloquer les caisses publiques, de préparer, lever une armée insurrectionnelle susceptible d'assurer l'indépendance des pays de langue d'oc, de gagner Montesquiou a ses vues. D'accord avec Roland, Pétion, Robespierre, Santerre, Fréron, il agit aussi à Paris. Il commanda à Marseille "600 hommes sachant mourir ". Ceux-ci arrivèrent à Charenton le 30 juillet 1792. Il avait été entendu que l'on tenterait immédiatement un coup de force avec l'aide des faubourgs ; Barbaroux en avait tracé le plan par écrit, mais Santerre le fit échouer. Il fut renvoyé au 10 août, barbaroux prit part à tous les conciliabules qui précédèrent l'insurrection et en préparèrent le lendemain. Pendant le combat il se tint à l'écart "par prudence ", uniquement préoccupé d'en écrire l'histoire heure par heure. Lors de la formation du second ministère de Roland, celui-ci proposa à Barbaroux une place de principal secrétaire des bureaux de l'intérieur qu'il refusa, mais il employa une semaine à les organiser. Le 17 août, il repartait pour Marseille où il arrivait le 25 tout aureolé de gloire. Il secoua l'inertie de Mouraille, engagea la lutte contre le banditisme devenu endémique et fit organiser un tribunal populaire pour juger les fauteurs de désordre.

LA CONVENTION

Devenu électeur, présenté par la 15° section (hôtel Dieu), il se rendit en Avignon, le 2 septembre pour les élections à la convention et fut élu par l'assemblée président du collège électoral à l'unanimité. Il fuit élu 5° député par 775 voix sur 776 votants. "Je déposerai sur le bureau un poignard. Il sera destiné à me percer le cœur si je suis infidèle un seul moment à la cause du peuple" dit-il. Arrivé à Paris le 24 septembre, il se lança à fond dans la lutte déjà engagée contre la commune de Paris par le groupe Roland. Le 25 il stigmatisa le despotisme de la capitale, prit à partie Robespierre énonça son programme : jugement du roi, réinstallation de la municipalité Petion ; le 26 il s'en prit à Marat ; le 30 puis les 4 et 10 octobre il attaqua de nouveau la commune qu'il accusait de malversations. L'arrivée du second bataillon marseillais command é par le cordonnier Girard accrut son audace. Le 30 octobre il demanda la cassation du conseil général de la commune ; le 31 il déchaîna ses marseillais contre Marat, puis créa un club des fédérés qu'il opposa au club des jacobins, mais il ne fut pas suivi par la convention. Le procès du roi fut l'occasion d'une nouvelle offensive. Pour vaincre la dictature de Paris, Barbaroux et ses amis crurent possible, en transformant le procès de Louis XVI en un vaste référendum, de galvaniser la province, de permettre aux modérés de s'exprimer, aussi à partir du 3 décembre semble t'il vouloir hâter le procès. Il fait partie de la commission des 21, créée le 6 en ajoutant 9 membres à la commission des 12, pour examiner les papiers de l'armoire de fer où l'on comptait trouver les chefs d'accusation ; le 11 il lit l'acte énonciatif des crimes de Louis Capet ; le 16 il demande que l'accusé ait tous les moyens pour se défendre. Comme les jacobins réagissent fortement, il attaque à son tour, mobilise 150 fédérés pour garder la faction girondine, fait un grief à Pache d'avoir armé les sections ; le 14 janvier, il tente même un coup de force sur la convention, qui échoue du fait que les Marseillais eux-mêmes sont contaminés par la propagande jacobine. Pendant cette période, il s'efforce en des conciliabules obscurs d'obtenir une majorité à l'appel au peuple. Le 185 janvier l'appel au peuple est repoussé par 424 voix contre 287 ; c'est la défaite. Barbaroux vote alors la mort après l'exil de Philippe-égalité et le 19 voyant la partie perdue vote contre le sursis. Profondément démoralisé, fortement combattu à Marseille même, où on l'accuse de vouloir sauver le roi, où l'on insinue que "ses yeux ne sont pas à l'épreuve des belles ni ses mains à celle de l'or ", où on l'exclue du club Thubaneau, le 23 janvier 1793, où l'on nomme une commission chargée d'enquêter sur sa conduite, il voit tomber le ministère Roland le 23 et ses gardes du corps marseillais quitter Paris le 6 février. Aussi annonça t'il à la municipalité son intention de démissionner prochainement : "cette vie est véritablement trop douloureuse, on m'a fait boire le calice jusqu'à la lie "; Il abandonnera donc son mandat mais seulement après avoir présenté la constitution et terminé la grande cause des franchises. A ce moment Barbaroux est vilipendé par le club qui publia dans son journal une attaque "perfide mandataire… "mais il est soutenu par la bourgeoisie marseillaise et s'il songe à démissionner au moment où des bruits circulent sur l'opportunité de destituer les "appelants ", il pense que ce serait une bonne occasion de réunir les assemblées électorales avec une participation plus grande des modérés. Robespierre montra aux jacobins les dangers d'une telle solution qui ferait le jeu de la Gironde. S'il attaque encore furieusement à la convention Danton qui s'est dérobé et Pache et Marat, c'est journellement qu'il doit répondre à leurs accusations. Il a la satisfaction le 12 de faire mettre Marat en état d'arrestation, mais ce triomphe est éphémère. Il propose le 7 mai de limiter le pouvoir un représentant en mission, combat le 11 la prorogation des pouvoirs du Comité de salut public, attaque Bayle et Boisset qui se font à Marseille les auxiliaires de l'agitation anti-girondine ; ses apparitions à la tribune sont huées férocement. A Marseille l'opinion publique était revenue à Barbaroux, la municipalité votait des adresses expiatoires pour faire oublier les malédictions du club "recevez estimable ami, le témoignage certain de notre estime… " Après l'élection de la commission des douze le 18 mai, et sa cassation le 27, sous la pression des sections parisiennes, comprenant qu'il est désarmé en face d'ennemis qui n'abandonneront le combat que lorsqu'il sera abattu, il cesse de coucher à son domicile, mais à la convention il soutient une lutte désespérée. Après le coup de force du 30 et 31 mai Robespierre, puis la commune réclament sa mise en accusation ; le 2 juin il se rend à l'assemblée en armes et est insulté dans les couloirs. A la tribune il s'offre en victime : "Si mon sang était nécessaire à l'affermissement de la liberté, je demanderais qu'il fut versé" Après l'intervention des émeutiers, il est mis aux arrêts à son domicile, refuse de donner caution, de se rendre en prison, accepte enfin la présence d'un gendarme dans son appartement. Dans la nuit du 10 au 11 il s'évade.

LA PROSCRIPTION

Muni d'un faux passeport, il arriva à Evreux le 13, se rendit à Caen le 15, y vit Charlotte Corday. Les troupes jacobines approchant, Barbaroux quitta Caen, passa par Vire et Dinan, où il quitta le bataillon de volontaires auquel il s'était mêlé, pour gagner Quimper par des chemins de traverse. Souffrant d'une entorse, il s'arrêta au château de la Hunaudière, à Loc Maria de Quimper le 9 août, puis à celui de Kerven près de Douarnenez, où il resta jusqu'au 20 septembre 1793. Il s'embarqua alors sur l'Industrie "qui de Lanveoc, l'amena par mer au bec d'Ambes le 23. Bordeaux était sous la domination des jacobins. Avec Buzot et Pétion, Barbaroux se cacha le 19 octobre à Saint-Émilion, chez Mme Bouquey, belle-sœur de Guadet, puis le 21 janvier 1794, dans le grenier du barbier Troquart. Jugeant leur retraite peu sure, les proscrits la quittèrent dans la nuit du 170au 18 juin dans la direction de Castillon. Se croyant poursuivi, ayant cru déceler l'approche d'une troupe en armes, Barbaroux se tira un coup de pistolet qui lui emporta l'oreille et lui brisa le rocher. Il tomba dans un fossé pendant que ses compagnons prenaient le large. Trouvé râlant par une paysanne, conduit à Castillon, reconnu, il fut transféré à Bordeaux, où sur une seule constatation de son identité, il fut guillotiné le 26 juin en face de l'actuel hôtel des postes. On ne sait où il fut enseveli.